Travail des enfants, quels secteurs ?

Travail des enfants, quels secteurs ?

Dans le monde, 160 millions d’enfants, soit 1 enfant sur 10, sont astreints au travail, une hausse enregistrée depuis 2021.

Tâches domestiques, ouvriers, travail au champ, alors que la grande majorité des enfants travaille dans le secteur agricole, le travail infantile est aussi présent au sein d’industries telles que le cosmétique, l’exploitation minière, la téléphonie ou le secteur textile.

L’industrie de cosmétiques naturels : le prix de la beauté

« The high price of beauty », le dernier rapport de l’ONG World Vision International dont Vision du Monde fait partie, révèle qu’une grande partie des produits de beauté qui permettent de faire briller la peau (gloss, huiles et beurres corporels…) sont susceptibles de contenir des ingrédients collectés par des enfants dans des mines et des fermes de pays à faible revenu. Même les produits fabriqués sans cruauté envers les animaux – cruelty free – ne garantissent pas l’exclusion des ingrédients provenant du travail infantile.

Les chaînes d’approvisionnement pour les produits miniers et agricoles sont souvent complexes et difficiles à retracer, car les ingrédients sont importés et réexportés de plusieurs pays à différentes étapes du processus de raffinage. Les intermédiaires et les grandes entreprises multinationales de cosmétiques en profitent, tandis que les enfants en paient le prix. Dans les zones où l’extrême pauvreté pousse les familles à envoyer leurs enfants au travail plutôt qu’à l’école, la récolte de ces matières premières nécessite de plus en plus de main d’œuvre. On estime que 30% des ingrédients des cosmétiques sont dérivés de produits miniers ou agricoles, et la croissance de l’industrie de la beauté naturelle a entraîné une demande accrue d’intrants agricoles.

Le rapport de notre ONG a passé en revue les politiques des sept plus grandes entreprises de beauté en 2018, puis à nouveau en 2022. Cette enquête a vu des progrès dans la documentation des normes des fournisseurs, la formation, la disponibilité des hotlines et les audits. Cependant, une augmentation massive du nombre d’enfants travaillant pour recueillir des ingrédients utilisés dans les cosmétiques tels que le cacao, le cuivre, le mica et la vanille a également eu lieu à la même période. En effet, si les pratiques des entreprises se sont améliorées sur le papier ces dernières années, nous attendons toujours de voir cela se concrétiser par des changements sur le terrain.

À moins que les entreprises ne vérifient rigoureusement leurs chaînes d’approvisionnement et que les gouvernements ne renforcent l’accès à la sécurité sociale et à la scolarisation, 140 millions d’enfants risquent encore de travailler en 2025 !

Agriculture : premier secteur d’emploi des enfants

Que cela soit dans un cadre familial ou pour un employeur, l’agriculture est l’un des secteurs les plus exposés au travail des enfants : près de 70 % des enfants qui travaillent dans le monde exercent leur activité dans les champs.

Le travail agricole s’exerce d’abord dans un cadre privé. Les enfants aident leurs familles pour les semences, les récoltes, l’entretien des sols, mais aussi pour garder les bêtes ou encore assurer la traite et la transformation de produits agricoles.

Mais les enfants ne travaillent pas toujours exclusivement dans le cercle familial. Si certains accompagnent leurs familles, d’autres sont aussi employés dans les champs par des entreprises agricoles profitant d’une main d’œuvre vulnérable et à bas coût. Beaucoup d’enfants sont alors privés d’éducation, pris au piège dans le cercle vicieux de la pauvreté et ne peuvent alors défendre leurs droits.

Le danger de l’agriculture est pourtant multiple. Les enfants utilisent des équipements dangereux et répandent des produits chimiques sans mettre d’équipement de protection.

Les exploitations les plus touchées par le travail des enfants dans le monde sont notamment les plantations d’huile de palme, de café, de cacao, de sucre de canne ou encore de riz. Des enfants âgés de moins de 15 ans ont ainsi été recensés dans les plantations d’huile de palme en Indonésie, Malaisie, Équateur, Sierra Leone, Guatemala, ou encore Colombie.

Les denrées alimentaires ne sont pas les seuls produits agricoles touchés par le travail des enfants. La production de matières premières destinées à l’industrie textile, notamment le coton et la soie, est également un secteur touché par le travail infantile.

Manufactures : l’industrie textile et la téléphonie recrutent des enfants

La téléphonie et l’industrie textile restent aujourd’hui les deux plus gros exemples de cas de travail des enfants dans le secteur industriel.

En Chine, de nombreux enfants travaillent au sein d’usines de production et de confection de téléphones portables dans des conditions souvent déplorables et pour un salaire ridicule. Bien que le code du travail chinois interdise le travail aux enfants de moins de 16 ans, les autorités ferment souvent les yeux face à la rentabilité de telles usines pour le pays.

Tout comme la téléphonie, l’industrie textile n’est pas en reste dans l’exploitation des enfants. Au Bangladesh, l’effondrement de l’usine textile Rana Plaza en 2013 a une nouvelle fois mis en lumière les mauvaises conditions des usines textiles, mais aussi la présence de jeunes filles mineures parmi les employés victimes du drame.

En 2016, l’Overseas Development Institute révélait que 15% des enfants entre 6 et 14 ans des bidonvilles de la capitale Dacca au Bangladesh, travaillaient 64 heures par semaine dans l’industrie du textile.

Le travail infantile informel : commerces et services

Le travail informel, notamment le commerce de rue, représente une grande part du nombre d’enfants qui travaillent. Poussés par l’exode rural, les enfants et leurs familles rejoignent les grandes villes dans l’espoir d’une vie meilleure.

Malheureusement, beaucoup d’enfants se voient contraints de travailler au lieu d’aller à l’école. Les petits emplois informels sont alors les plus faciles d’accès pour ces enfants vulnérables : cirage de chaussures, lavage de voitures, ramassage d’ordures, porteur, vendeur de fruits, de boissons ou autres produits commerciaux.

Ces petites activités non réglementées sont difficiles à recenser. Pourtant on estime que 120 millions d’enfants vivent aujourd’hui à la rue et sont donc plus susceptibles d’être victimes du travail infantile.

Le travail informel prend également d’autres formes comme le travail domestique réalisé en majorité par des jeunes filles. Alors que ces dernières ne sont pas considérées comme étant intégrées à une activité économique, elles travaillent au sein même de leur foyer ou sont recrutées par des familles plus aisées.

Ces employées de services domestiques sont toutes aussi difficiles à recenser que les vendeurs de rue puisque très isolées et à l’abri des regards.

L’extraction de minerais : un travail infantile dangereux

Enfouis dans des galeries souterraines, ou nettoyant l’or au mercure en surface, ce sont au moins un million d’enfants de 5 à 17 ans qui travaillent dans des mines d’or selon l’Organisation Internationale du Travail. Cette activité, en plus d’être extrêmement dangereuse pour la santé et la vie des enfants, est aussi très néfaste pour leur avenir.

Beaucoup d’enfants travaillant dans les mines n’ont jamais connu l’école, remplaçant leurs parents dans les mines ou exploitant clandestinement des galeries abandonnées pour revendre l’or à des négociants. Il n’est ainsi pas rare de voir des enfants travailler dans des conditions extrêmes plus de 10h par jour.

L’or n’est pas la seule ressource extraite par les enfants. La fabrication des technologies telles que les téléphones portables ou les ordinateurs nécessite d’importantes quantités de métaux rares comme le cobalt, dont plus de la moitié de la production mondiale provient de République démocratique du Congo.

Selon les derniers chiffres de l’UNICEF, près de 40 000 garçons et filles travaillent en tant que mineurs artisanaux dans le sud de la République démocratique du Congo, dont une majorité dans l’extraction de cobalt. Le risque d’éboulement des galeries est omniprésent et les poussières de cobalt peuvent provoquer d’importants problèmes de santé aux enfants comme des infections pulmonaires mortelles. Sans protection et exposés quotidiennement aux dangers des mines, les enfants s’épuisent physiquement et psychiquement, les rendant d’autant plus vulnérables aux violences et abus.

Pour lutter contre le travail des enfants, Vision du Monde travaille sur ses causes profondes : l’extrême pauvreté. Via ses programmes de parrainage, l’association humanitaire de protection des enfants aide les populations à briser le cercle vicieux de la pauvreté et ainsi lutter contre l’exploitation des enfants.

Accompagner les enfants et sensibiliser les parents sur les dangers du travail infantile est au cœur des actions de Vision du Monde. Mais l’épidémie de la COVID-19 n’est pas sans conséquences sur les efforts réalisés ces dernières années pour stopper l’exploitation des enfants.

L’ONG estime que 8 millions d’enfants ont basculé dans le travail infantile en raison de la pandémie. Il est urgent de poursuivre et intensifier l’aide apportée afin de mettre un terme au travail des enfants et favoriser l’éducation des filles et des garçons.

En parrainant un enfant ou en faisant un don, vous participez à la protection des droits de l’enfance et la sécurité de toutes les filles et de tous les garçons grâce à l’amélioration de leurs conditions de vie.

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