L’éducation : une arme contre le mariage précoce
Chaque année de scolarité supplémentaire pour une fille diminue le risque de mariage précoce de 5 à 10% selon la Banque Mondiale.
Aujourd’hui encore, près de 12 millions de filles par an sont mariées avant l’âge de 18 ans.
Pourtant interdit dans de nombreux pays, le mariage précoce persiste dans plusieurs régions et prive les enfants de leurs droits fondamentaux. Une fois mariées, de gré ou de force, les jeunes filles quittent les bancs de l’école et sont bien souvent victimes d’abus. Nourris par la précarité, les inégalités de genre et les normes sociales, les mariages d’enfants perpétuent la pauvreté mais exposent aussi les filles à de graves risques pour leur santé.
En soutenant l’éducation, World Vision offre aux jeunes filles une alternative : l’occasion de s’émanciper et de briser le cercle vicieux de la pauvreté.
Le mariage précoce : une réalité alarmante
Le mariage des enfants est toujours pratiqué dans de nombreuses régions du globe. Selon l’UNICEF, une femme sur 5 aujourd’hui en vie a été mariée avant l’âge de 18 ans. Alors que des lois ont été instaurées pour stopper cette pratique, le taux de mariage précoce reste particulièrement élevé en Afrique subsaharienne, en Asie du Sud ou encore en Amérique latine.
Selon les derniers chiffres :
- Près de la moitié (45 %) des filles et des femmes mariées avant l’âge de 18 ans vivent en Asie du Sud.
- 1 enfant marié sur 3 dans le monde vit en Inde.
- En Afrique subsaharienne, 34% de femmes sont mariées avant 18 ans. Dans certains pays, ce taux dépasse même les 50%.
Le mariage précoce est majoritairement pratiqué au sein des populations les plus vulnérables. Lorsque les familles se trouvent confrontées à des crises telles que la famine, les catastrophes climatiques ou les conflits armés, le mariage infantile apparaît comme une alternative aux difficultés rencontrées. Les parents voient alors en la dot promise à la famille de la mariée, une façon de s’en sortir financièrement et de continuer à nourrir le reste de la famille. Les jeunes filles quittant le foyer représentent ainsi une charge financière en moins pour les parents.
Dans de nombreuses cultures, les normes sociales et les traditions maintiennent également l’idée que les garçons ont plus de valeur que les filles. Ces inégalités de genre se traduisent notamment par le refus d’envoyer les filles à l’école, leur éducation étant considérée comme moins rentable ou inutile.
Cependant, les conséquences du mariage précoce sont nombreuses. En plus de freiner l’éducation des filles, cette pratique augmente les risques de grossesses précoces. Les jeunes mères sont alors plus exposées à de possibles complications, affectant leur santé aussi bien que celle de leur enfant. Ces jeunes mariées sont également plus vulnérables aux violences domestiques, à l’isolement social et dépendent de leurs maris au quotidien.
L’éducation : un levier de transformation
Face aux mariages précoces, l’éducation apparaît comme une levier efficace. La scolarisation des filles retarde notamment l’âge de leur mariage. En effet, chaque année supplémentaire passée à l’école diminue le risque de mariage précoce de 5 à 10% selon la Banque Mondiale.
Au-delà de retarder le mariage, l’éducation offre aux filles les outils pour s’émanciper. En allant à l’école, celles-ci développent non seulement des compétences académiques mais apprennent également à prendre confiance en elles et à défendre leurs droits. En suivant une scolarité classique, elles peuvent ainsi prétendre à un avenir professionnel et personnel épanoui.
En Tanzanie, Sarah a très vite compris l’importance de l’éducation pour son avenir. À 12 ans, la jeune fille s’est battue pour rejoindre les bancs de l’école. Alors que ses petits frères allaient étudier, Sarah devait rester à la maison pour aider sa mère et garder ses frères et sœurs. Refusant cette situation, la jeune fille s’est finalement adressée à Hashim, chef de village et ami de la famille. Ce dernier a réussi à convaincre ses parents, puis a logé Sarah chez lui pour lui permettre de commencer sa scolarité.
En quelques mois à peine, Sarah a obtenu de très bonnes notes, réussissant à sauter deux classes. Malgré les difficultés économiques, elle poursuit désormais ses études tout en étant retournée chez elle pour soutenir sa famille. Elle nourrit le rêve de devenir enseignante : « J’adore étudier. Je souhaite réussir dans mes études et pouvoir aider mes parents. »
Le programme de parrainage récemment implanté dans son village offre aujourd’hui à Sarah, autant qu’à ses frères et sœurs, une chance de fréquenter les bancs de l’école, loin de la précarité et des mariages précoces.
Les obstacles à la scolarisation des filles
Aujourd’hui, plus de 119 millions de filles ne sont pas scolarisées dans le monde. Pauvreté, situation géographique, manque d’installations adéquates, de nombreux obstacles freinent encore cet accès à l’éducation.
Quand les familles ont peu de moyens, le coût des frais de scolarité, des uniformes et des fournitures peut être un véritable sacrifice pour l’équilibre familial. L’école n’apparaît alors pas comme une priorité, encore moins lorsqu’il s’agit de l’éducation des filles. Celles-ci sont ainsi obligées de rester à la maison afin de s’occuper des tâches domestiques, ou pire, de se marier.
La distance entre le domicile et l’école, qui suppose souvent de marcher plusieurs kilomètres dans des conditions difficiles, expose également les filles à des risques de sécurité et décourage certaines familles d’inscrire leurs enfants à l’école.
Le tabou autour des menstruations constitue également une barrière importante. Trop d’écoles ne sont pas encore équipées de toilettes séparées, sûres et propres pour accueillir les filles durant leurs règles. Ces dernières préfèrent alors rester chez elles durant cette période, au risque d’impacter leurs résultats scolaires.
Enfin, les crises liées aux conflits, aux catastrophes climatiques ou encore sanitaires impactent fortement la scolarité des enfants et notamment des filles. Face à la perte des moyens de subsistance, aux déplacements forcés, et à l’insécurité alimentaire, les enfants abandonnent les bancs de l’école. Les mariages précoces s’avèrent alors être une stratégie de survie dans un contexte fragile et précaire.
Ce que fait World Vision pour combattre le mariage des filles
World Vision agit sur plusieurs leviers afin d’aider les filles à lutter contre le mariage précoce. Le parrainage d’enfants, notamment à travers des programmes d’éducation, finance notamment les frais scolaires et le matériel dans le but d’alléger la charge financière des familles.
World Vision sensibilise également les parents et les chefs de village à l’importance d’éduquer les filles et aux dangers du mariage précoce. Au Kenya, plus de 1 273 000 personnes ont été sensibilisées pour protéger les filles des mariages précoces ou mutilations génitales féminines.
En parallèle, des clubs de filles sont mis en place dans plusieurs pays d’intervention de l’ONG afin de proposer un cadre sécurisé où ces dernières peuvent en apprendre davantage sur leurs droits, mais aussi sur la santé reproductive et prendre confiance en elles.
En Zambie, dans le village de Katoba, les conditions sanitaires précaires étaient un frein pour les élèves de l’école, entraînant des problèmes de santé et de nombreuses absences, en particulier parmi les filles. Pour y répondre, l’ONG World Vision a mis en place un programme d’eau, d’assainissement et d’hygiène (WASH) afin d’installer l’eau potable et de nouvelles toilettes. Un club pour enfants a également été mis en place pour sensibiliser les jeunes aux bonnes pratiques hygiéniques.
Evelyn, élève de l’école, partage son expérience : « Avant de rejoindre le Club, je ne savais pas comment prendre soin de moi pendant mes règles. Je manquais l’école parce que j’avais peur des fuites ou d’être mal à l’aise. Mais maintenant, je sais fabriquer mes propres serviettes réutilisables, et je me sens confiante. Je ne manque plus l’école et peux me concentrer sur mes études », dit-elle fièrement.
La campagne « 1000 filles » est une étape de plus dans la lutte contre les mariages précoces. En parrainant mille jeunes filles, les parrains et marraines leur permettent d’accéder à l’éducation et de préparer un avenir loin du mariage précoce et des violences.
Comment agir concrètement ?
Parrainer une fille ce n’est pas seulement lui apporter un soutien financier, c’est aussi contribuer à son bien-être émotionnel et l’encourager à poursuivre ses rêves.
Grâce au parrainage, l’ONG humanitaire peut continuer ses actions sur le terrain afin de lutter contre les mariages d’enfants et faire respecter les droits des filles. En effet, les programmes de parrainage bénéficient à l’ensemble de l’entourage de chaque enfant parrainé. En parrainant une fille chacun peut ainsi agir concrètement auprès des populations les plus vulnérables.
Au-delà du parrainage, partager la campagne « 1000 filles » autour de soi ou encore sensibiliser son entourage sont autant d’actions supplémentaires qui permettent de faire entendre la voix des filles, faire évoluer les mentalités et mettre fin au mariage précoce. Chaque fille scolarisée est une victoire de plus contre la pauvreté et les violences faites aux filles.
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